URE-EM : Projet AGING

Projet AGING

 L’âge des moustiques : une information cruciale en lutte anti-vectorielle

A défaut de traitements efficaces ou de vaccins opérationnels contre la plupart des virus transmis par Aedes aegypti, la lutte contre les moustiques vecteurs constitue l’un des rares moyens de contrôle des épidémies. Principalement basée sur l’utilisation d’insecticides ciblant les adultes, ces traitements visent à réduire la densité de vecteurs ainsi que leur taux de survie sur la zone traitée. Malheureusement, ces méthodes de lutte ont atteint leurs limites et sont de moins en moins efficaces contre les moustiques vecteurs, notamment du fait de l’augmentation du phénomène de résistance aux insecticides.

D’un point de vue épidémiologique, la structure d’âge d’une population de vecteurs comme Aedes aegypti est un facteur essentiel dans l’évaluation du risque de transmission de virus tels que ceux de la dengue, du Zika ou du chikungunya. En effet, lors d’une épidémie, ce sont les femelles les plus âgées qui sont le plus susceptibles de transmettre ces virus. Ceci résulte du temps nécessaire au virus pour infecter le moustique, se disséminer dans le corps de celui-ci et enfin atteindre les glandes salivaires avant d’être injecté à un nouvel hôte. La capacité vectorielle, c’est-à-dire la capacité d’une population de moustiques de terrain à transmettre un pathogène, est ainsi très sensible à une variation de la probabilité de survie des moustiques.

Pouvoir déterminer la structure d’âge d’une population de moustiques permettrait donc à la fois d’évaluer le risque pour la santé humaine, en disposant d’un proxy du risque de transmission vectorielle, mais aussi d’évaluer l’efficacité des stratégies de lutte anti-vectorielle et leurs coût et efficacité. D’autre part, même si les stratégies de lutte innovantes, comme celles basées sur l’utilisation de Wolbachia, ne visent pas nécessairement une réduction de la survie des moustiques, un tel outil présenterait une utilité certaine dans l’évaluation de la compétitivité des moustiques introduits sur le terrain, facteur essentiel à l’installation et au maintien de ces stratégies.

Le projet AGING (Estimation de la structure d’âge des populations de moustiques Aedes aegypti par Spectrométrie de Masse MALDI-TOF couplée à l’Intelligence Artificielle), financé par l’Anses et réalisé en partenariat avec l’Institut des Sciences Exactes et Appliquées (ISEA) de l’Université de Nouvelle-Calédonie (UNC), vise donc à mettre au point un outil permettant de déterminer la structure d’âge d’une population de moustiques en associant l’utilisation du MALDI-TOF et la classification des spectres en fonction de l’âge des moustiques par les méthodes de l’Intelligence Artificielle (IA), notamment les réseaux neuronaux avec une architecture profonde.

 

Financement :

Le projet AGING bénéficie du concours financier du Programme National de Recherche Environnement-Santé-Travail de l’Anses avec le soutien des ministères chargés de l’environnement, de l’agriculture et du travail (ANSES-21-EST-184).