Rendu des résultats du baromètre santé adulte

Le baromètre santé adulte est une enquête de grande échelle menée par l’Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie (ASS-NC). L’IPNC a participé à l’étude 2021-2022.

L’objectif initial de la participation de l’IPNC au baromètre santé adulte était de déterminer à quelles arboviroses ont été exposées les Calédoniens et en quelles proportions. Sur les 1800 logements visités dans le cadre de cette étude, 750 prises de sang ont été effectuées chez des Calédoniens de 18 à 64 ans sur l’ensemble du territoire, îles comprises. « Cela permet d’avoir une bonne estimation à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie en incluant les trois Provinces », précise Myrielle Dupont-Rouzeyrol, responsable de l’unité de recherche et d’expertise dengue et arboviroses, en charge de cette enquête de séroprévalence.

 

Arboviroses
Ainsi, 55% des adultes calédoniens testés ont déjà rencontré au moins une fois la dengue au cours de leur vie et présentent des anticorps résiduels. « Ce niveau est plutôt faible, en Polynésie française, par exemple, le pourcentage est plus proche de 80% », précise Myrielle Dupont-Rouzeyrol. Pour les autres arboviroses, l’immunité est nettement plus faible ; elle est inférieure à 10%. Il existe ainsi une certaine vulnérabilité à ces infections transmises par les moustiques. Ces résultats vont permettre d’ajuster les mesures de prévention de santé publique pour réduire le risque de transmission vectorielle. C’est la toute première fois que ces pourcentages sont calculés et présentés en Nouvelle-Calédonie.

Covid-19
L’étude, débutée en août 2021, devait se concentrer sur les arbovirus. Or, l’arrivée du Covid-19 sur le territoire a modifié cet objectif initial. Un dépistage des anticorps de la Covid-19 a ainsi été ajouté afin d’obtenir une photographie à un instant t du pourcentage de Calédoniens exposés au virus. Au 31 juillet 2022, 81% des personnes testées présentaient des anticorps issus de la vaccination et/ou d’une infection naturelle. « On peut noter que 40% des individus avaient fait une infection récente ; ce qui permet d’estimer la circulation du virus à cette date, en pleine vague Omicron. » Les anticorps de la Covid-19 diminuant progressivement dans le temps en l’absence de stimulation, l’immunité devrait être plus faible aujourd’hui.

Projet dupliqué au Vanuatu
Cette même étude est également menée au Vanuatu depuis octobre 2022. Cette enquête de grande ampleur compte plus de 1000 participants de 5 à 85 ans et évalue l’immunité contre diverses maladies infectieuses dans la population du Vanuatu. Les dernières inclusions ont été effectuées en mai ; Myrielle Dupont-Rouzeyrol espère des résultats d’ici la fin de l’année. 

Frédéric Veyrier et Eve Bernet : du Canada à la Nouvelle-Calédonie

Le professeur Frédéric Veyrier de l’INRS-Centre Armand Frappier Santé Biotechnologie, à Montréal, effectue un congé sabbatique en recherche à l’IPNC. Il est arrivé en janvier dernier pour une durée de six mois. Il apporte ainsi son expertise en génomique bactérienne au sein du Pôle Bactériologie. Eve Bernet, une de ses doctorantes, a également fait le voyage jusqu’à l’IPNC pour un stage de trois mois. Ces visites sont une belle opportunité de renforcer les liens entre les deux instituts de recherche et, plus globalement, entre la Nouvelle-Calédonie et le Canada.

De janvier à juillet, Frédéric Veyrier est en séjour scientifique au sein du Pôle Bactériologie et appuie les travaux déjà entamés à l’IPNC sur la résistance aux antibiotiques. L’un des principaux projets consiste à comprendre les échanges de gènes résistants entre les bactéries présentes dans différents écosystèmes en se concentrant sur différents compartiments (environnement, animaux et humains).  Au Canada, Frédéric Veyrier est professeur agrégé au Centre INRS Armand-Frappier Santé-Biotechnologie (INRS-CAFSB), le seul institut membre du Pasteur Network en Amérique du Nord. Il est aussi professeur associé à l’Université McGill et responsable de la plateforme de l’infrastructure de microscopie électronique (appelée Caractérisation des nanovéhicules biologiques et synthétiques) à l’INRS.

De la recherche fondamentale à la santé publique

Son programme de recherche actuel vise ainsi à comprendre l’évolution des bactéries qui infectent l’humain, en recherche fondamentale, pour trouver de nouvelles voies de diagnostic et de traitement, en recherche appliquée. Sa venue à l’IPNC lui permet d’évaluer comment les outils qu’il a développés ces dix dernières années peuvent être utilisés en santé publique. Expert en génomique, un de ses projets consiste par exemple à mettre en place un système de sérotypage basé sur la génomique des leptospires, ces bactéries responsables de la leptospirose. Depuis son arrivée, il est particulièrement impressionné par le travail effectué par les groupes de recherche à l’IPNC malgré « certaines difficultés rencontrées que je n’ai pas au Canada telles que les délais de livraison », cite-t-il.

Consolider les liens

Il était déjà en contact avec l’Unité de recherche et d’expertise Leptospirose et le Groupe de bactériologie médicale et environnementale de l’IPNC, avec qui il avait collaboré à distance. Sa venue à l’IPNC ne tient donc pas du hasard. « Mon séjour permettra de consolider les liens entre nos deux laboratoires. Se déplacer permet de mieux connaître les gens personnellement et donc d’améliorer les collaborations professionnelles par la suite. » Une autre de ses missions est de mettre en place des moyens d’échanges facilités, d’étudiants et d’expertises, entre les deux instituts de recherche. Son séjour est l’occasion d’établir des collaborations fortes, fructueuses et durables non seulement avec l’IPNC mais avec d’autres partenaires régionaux.

Eve Bernet, en stage jusqu’à fin juin

La mise en place de ces projets de recherche collaboratifs a aussi permis à une étudiante brillante, Eve Bernet, de participer à cet échange. « Calédonienne d’adoption », elle est arrivée sur le territoire en 1995, âgée de seulement quelques mois. Partie il y a dix ans pour ses études, elle fait actuellement une thèse au sein de l’équipe du professeur Frederic Veyrier, au Canada. Son projet de thèse porte sur la caractérisation de l’évolution du genre Neisseria ayant mené à l’apparition de deux espèces pathogènes (N. meningitidis responsable de méningite bactérienne et N. gonorrhoeae responsable de la gonorrhée). Pendant son séjour de trois mois à l’IPNC, elle participera à la mise en place d’un projet complémentaire à son sujet de thèse et portant sur la microévolution de Neisseria gonorrhoeae dans un contexte insulaire en Nouvelle-Calédonie. Arrivée fin mars dans l’unité de bactériologie médicale et environnementale de l’IPNC, elle est « très émue de pouvoir enfin revenir [sur le territoire] et participer à l’effort de recherche ici ».

L’unité de recherche et d’expertise sur la leptospirose en mission de formation au Vanuatu

Dans le cadre du projet Fonds Pacifique OH-Lepto l’unité de recherche et d’expertise sur la leptospirose organise actuellement une mission de formation théorique et pratique de quatre techniciens du Vila Central Hospital sur les techniques de mise en œuvre du diagnostic moléculaire de la leptospirose.

Ce projet, également soutenu par la CPS et l’OMS, vise à renforcer les capacités des laboratoires et à promouvoir une approche « One Health » de la leptospirose ; ce qui consiste notamment à organiser des échanges de compétences entre scientifiques des secteurs de la santé humaine et de la santé animale.
A l’issue de cette formation, le personnel du laboratoire du Vila Central Hospital aura la capacité d’effectuer des extractions d’ADN génomique à partir d’échantillons de patients et de réaliser des PCR en temps réel afin de renforcer leur système de surveillance de la leptospirose humaine.

 

Science et éducation : signature d’un partenariat entre le vice-rectorat et l’IPNC

Le 30 mars, l’IPNC a signé un partenariat avec le vice-rectorat de Nouvelle-Calédonie. Les premières actions sont dès à présent mises en œuvre dans certains établissements scolaires de province Nord.

L’objectif de ce partenariat entre l’IPNC et le vice-rectorat est de mobiliser la communauté éducative sur les enjeux, les leviers et les actions concrètes en faveur de la sensibilisation et de l’éducation à la santé. Il s’agit également de sensibiliser les élèves aux différents aspects de la recherche et aux métiers sous-jacents, afin de créer chez certain.e.s des vocations dans les domaines scientifiques, technologiques, économiques, environnementaux, sociaux, éthiques et culturels liés à la recherche.

© Arnaud Tarantola

Ce projet éducatif collaboratif consiste à mettre à disposition des supports, outils, formations ou encore données utiles à la communauté éducative. Il s’agit également de soutenir les initiatives locales des établissements scolaires au travers de partenariats/mises en relation, de fourniture d’outils pédagogiques ou méthodologiques, de visites de terrain, de conférences ou débats, d’orientations vers des sources de financements ou encore d’une valorisation à résonance locale, nationale et régionale.

Le partenariat vise trois objectifs principaux dès cette année :
– Mettre en place un projet collaboratif visant à sensibiliser les élèves de la province Nord ainsi que des personnels éducatifs volontaires sur les métiers de la recherche ;
– Coconstruire progressivement des parcours d’orientation dès le cycle 4 ;
– Lancer une expérimentation de « classes scientifiques » ciblant des publics de cycle 3.

 

La professeure Yasmine Belkaid est nommée directrice générale de l’Institut Pasteur

La professeure Yasmine Belkaid est une chercheuse de renommée internationale dont les travaux portent principalement sur la relation entre les microbes et le système immunitaire. Le 29 mars 2023, elle a été nommée au poste de directrice générale de l’Institut Pasteur.

© DidierRouget

La professeure Yasmine Belkaid dirige actuellement le Centre d’immunologie humaine des National Institutes of Health (NIH), l’agence américaine chargée de la recherche médicale et biomédicale, ainsi que le programme Microbiome du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), au NIH (Bethesda, Maryland, États-Unis), dont elle est la fondatrice. Au sein du NIAID, elle a créé le département de l’immunité de l’hôte et du microbiome.  

Elle succèdera au professeur Stewart Cole et prendra ses fonctions de directrice générale de l’Institut Pasteur le 1er janvier 2024. Elle deviendra la seconde femme à occuper ce poste et le 17e directeur général de l’Institut Pasteur depuis sa création par Louis Pasteur en 1887.

Pour en savoir plus : https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/professeure-yasmine-belkaid-est-nommee-directrice-generale-institut-pasteur

 

Publication Institut Pasteur Paris : Émergence en Métropole d’une souche de Shigella sonnei hautement résistante aux antibiotiques

Les scientifiques du Centre national de référence des Escherichia coli, Shigella et Salmonella, à l’Institut Pasteur à Paris, membre du Pasteur Network, ont publié le 26 janvier dernier dans la revue Nature Communications. Depuis de nombreuses années, ils surveillent sur le plan national la bactérie Shigella, responsable de la shigellose, une maladie diarrhéique très contagieuse. Ils ont ainsi détecté l’apparition de souches de Shigella sonnei hautement résistantes aux antibiotiques. L’analyse des séquences du génome bactérien et les caractéristiques des cas, survenus préférentiellement chez des adultes de sexe masculin, suggèrent que ces souches, originaires d’Asie du Sud, se propagent notamment chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Ce constat devrait être pris en compte par les cliniciens et les laboratoires dans le cadre des consultations pour infections sexuellement transmissibles (IST), avec pratique d’un antibiogramme systématique en cas d’isolement d’une Shigella pour une meilleure prise en charge des patients infectés par ces souches hautement résistantes.
A ce jour, cette souche n’a pas été détectée en Nouvelle-Calédonie.

Pour en savoir plus : https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/emergence-france-souche-shigella-sonnei-hautement-resistante-aux-antibiotiques

Lire la publication : https://www.nature.com/articles/s41467-023-36222-8.pdf